Bonjour et merci d’accorder quelques minutes à notre magazine. Avant que l’on commence, simplement pour l’interview, pourriez vous me rappeler depuis combien de temps travaillez-vous pour l’Agence maintenant ?La jeune homme se planta devant la fenêtre sans prendre la peine d’ôter sa veste de cuir. Merci je préfère rester debout. L’Agence, je l’ai rejointe il y a trois ans maintenant. Ca fait un bail finalement, le temps passe si vite quand on prend son pied…
Il souffla entre ses mains tournant toujours le dos à la journaliste. Mais honnêtement si vous faisiez bien votre boulot je n’aurais pas besoin de vous le rappeler.
Dîtes moi ce qui vous a poussé à devenir mannequin. Ce n’est pas le genre de carrière que l’on choisi par hasard.Je ne l'ai pas vraiment choisi, je dirai plutôt que c'est le métier qui m'a choisi. Il faut croire que ma belle gueule peut servir à quelque chose finalement.
Il laissa échapper un rire sardonique et se retournant enfin vers la journaliste rivant un regard séducteur dans le sien. Avouez que je suis plutôt pas mal non ?
Il secoua la tête, blasé, en la voyant piquer un fard. Ne soyez pas gênée enfin, toutes les femmes le pensent il n'y a aucune honte à avoir c'est légitime de votre part de me trouver attirant.
Il vint s'asseoir sur le canapé en face de la femme et se passa une main dans les cheveux alors qu'il la détaillait des pieds à la tête. A vrai dire vous êtes tout aussi séduisante...
La journaliste le remercia, embarassée et enchaîna. Entre nous, Mindy est elle vraiment à l'image de sa réputation ?Entre nous ? Vous en êtes déjà à parler de vous et moi ensemble ?
Il passa la langue sur ses lèvres dans un geste rapide sans la lâcher du regard. Il aimait mettre les gens mal à l'aise. Rectification, il aimait mettre les femmes mal à l'aise. Et c'était exactement ce qu'il faisait avec la pauvre journaliste qui ne savait plus où se mettre. Plus sérieusement, pour répondre à votre question oui bien sûr Mindy c'est Mindy. Le diable si vous voulez. Bien qu'elle ne s'habille pas en Prada mais en Chanel. Pour autant elle mène bien sa barque, on ne peut pas la critiquer sur les résultats qu'elle obtient, seulement sur les méthodes qu'elle emploie. Et encore...
Vous souvenez vous de la première fois que vous l'avez rencontrée ?La garçon se releva en hocha la tête affirmativement. Absolument oui. Un de ses chasseurs de tête m'avait repéré dans les rue de Boston. Il m'a simplement donné un numéro, m'enjoignant à l'appeler au plus vite. Je ne savais pas vraiment de quoi il s'agissait. Je l'ai vite su. Deux jours plus tard je recevais un billet d'avion pour aller rencontrer Madame Lane à New York.
Il esquissa un sourire à ce souvenir. Un sacré bout de femme. Plutôt canon en plus. Mais trop vieille pour moi. Bref on a discuté un moment. Faire le beau gosse devant l'objectif ça me tentait pas vraiment je l'avoue, mais quand j'ai croisé les filles de l'Agence et que j'ai vu les zéros qui s'alignait sur la ligne de mon salaire je n'ai pas hésité à signer. Des femmes et de l'argent, que demander de plus ?
Si je comprends bien, en entrant dans l'Agence vous avez dû vous installer à New-York, dans la Résidence Opale ? Cela vous a t-il beaucoup changé de là où vous habitiez avant ?Boston.
Il sortit un paquet de cigarette de la poche interieur de son cuir et tendit le paquet à la journaliste qui déclina l'offre. Il s'en alluma une et tira dessus d'un geste presque obscène. Je ne peux pas nier que la vie à New York est différente. On vit à cent à l'heure ici, et ça me plait bien. La résidence ? J'y passe pas beaucoup de temps. Simplement pour dormir. Quand je ne suis pas dans le lit d'une femme.
Ajouta-t-il avec un sourire plein de sous entendus. Quand j'y suis l'ambiance est plutôt bonne. Je cherche pas d'embrouilles avec les autres mannequins, ça ne m'interesse pas, j'ai assez de problèmes en dehors du boulot pour ne pas m'en créer d'autres.
Venons en aux autres mannequins. Ne me dites pas que tout est toujours rose entre vous, je suis sûre qu'il doit y avoir quelques ... crêpages de chignon, je me trompe ?Vous rigolez ?
Il la fixa en haussant les sourcils comme si elle était totalement stupide. Evidemment qu'il y a des "crêpages de chignon" comme vous dites, bien que le terme soit vraiment trop faible. On évolue dans le milieu de la mode ma belle, tout le monde est là pour être le meilleur, et pour ça il fat tirer avantage de toutes les situation. Alors si pour ça il faut écraser les camarades et bien soit. On se tire dans les pattres mutuellement, personne n'est épargné. Même ceux qui jouent les innocents ne le sont pas tant que ça, ce sont même parfois les pires, sournois et fourbes. Moi je fais mes coups ouvertement, je ne fais pas dans les dentelle, pas de temps pour ça.
Quel est le pire coup pas que quelqu'un vous ait fait ici ?Honnêtement ? Je ne saurais vous le dire. Les coups bas on accuse ça tous les jours et si je devais les répertorier et me souvenir de tous je n'en finirai plus.
Il tira sur sa cigarette et se passa une nouvelle fois la main dans les cheveux d'un air désabusé. Vous savez je pense que j'ai fait plus de coups bas qu'on ne m'en a fait. Et surtout des pires. J'ai été élevé dans un milieu difficile comme on dit, je ne veux pas véhiculer l'image du mauvais garçon qui a grandit dans les rues mais finalement c'est un peu ce que je suis. Et croyez moi j'en connais un rayon sur les crasses qu'on peut faire aux autres...
Et votre meilleur souvenir ?Mon premier chèque. Après avoir posé pour une pub de parfum. Un énorme chèque que j'ai bien vite dépensé. C'était tellement excitant de toucher autant d'argent pour seulement quelques heures de travail.
Il rit doucement en y repensant. Il ne ressentait plus cette sensation désormais, il y était tellement habitué qu'il en devenait blasé. Autant vous dire que j'ai fêté ça le soir même en boîte de nuit avec une bonne bouteille de champagne et à mon bras ma partenaire sur le shoot. Partenariat qui s'est prolongé dans sa chambre quelques heures plus tard...
Très bien, merci beaucoup. Je pense que j'ai ce qu'il me faut et que nous en avons finit. Bonne continuation, au revoir.Le garçon s'approcha en douce de la journaliste alors qu'elle rangeait ses affaires et l'attrapa par le bras pour l'amener à lui et déposa un baiser sur sa joue. Ce fut un plaisir. Si vous n'avez rien de prévu ce soir, descendez au Cherry j'y serai une bonne partie de la nuit...
Et sur ces bonnes paroles il s'éclipsa, satisfait de lui-même et de l'effet produit.